Vous avez déjà entendu l'expression: "mettre toutes les chances de son côté»? Nous avons tous un ami ou une connaissance à qui « la chance sourit ». D’autres qui ont plutôt l’air d’avoir la poisse. S’agit-il d’un coup du sort? Ou avons-nous prise sur ce fameux facteur chance, qui au delà de tout travail, de tout effort, peut parfois faire toute la différence entre l’échec et la réussite?
Pour réussir dans la vie, quelle est la part de chance? Comment appréhender l'incertitude? Et comment créer de la chance dans un environnement incertain?
Si vous observez et modélisez ceux qui réussissent, vous constaterez que ces personnes mettent en oeuvre une capacité, celle de créer des opportunités autour d'elles. J’ai bien dit : elles mettent en oeuvre une capacité. Bonne nouvelle: cette capacité, nous l’avons tous. Alors à quoi cela tient-il? Qu'est ce qui fait qu'à partir d'une seule et même idée, une personne réussit et son voisin, pourtant muni des mêmes compétences, ne parvient pas à percer?
Les ingrédients de la réussite
Examinons cela de plus près. Que faut-il pour rencontrer le succès?
- Le talent ? Bien sûr, il faut du talent pour réussir. Et entre nous, tout le monde en a, même si tous ne sont pas valorisés socialement de manière équitable.
- Le travail… Certainement, et encore pouvons-nous nous poser la question de sa nature. Le « toujours plus, toujours plus fort, toujours plus dur »?
- Les bons outils? Oui, ils sont certainement nécessaires. Il suffit d’essayer d’enfoncer une vis cruciforme avec un tournevis plat pour s’en rendre compte.
- La chance. Peut-on parler de chance dans un monde rationnel? De quoi s'agit-il? Est-elle donnée à certains et pas à d'autres?
Incertitude comme espace d’opportunités.
Avant d’aborder ces questions, plaçons-nous dans le contexte actuel. Alors qu’il est clair pour tous que le futur est de plus en plus incertain, il est moins clair que cette incertitude va de pair avec un agrandissement de l’espace d’opportunités. Pourquoi? Parce que si vous êtes dans la certitude, il n'y a pas de place pour la chance. La chance hait la certitude et les plans figés.
Connaissez-vous le défi des Mashmallow ? Un certain Peter Skillman a lancé à différentes catégories de personnes le défi de réaliser des constructions à partir de spaghettis, de papier collant et d'un Marshmallow (qui devait tenir au sommet de la construction). Savez-vous qui étaient les moins bons? Les étudiants en management. Pourquoi? Parce qu'ils apprennent à planifier et à contrôler, et que cet état d'esprit les éloigne de la créativité et de l'adaptabilité nécessaire à relever ce défi.
Voyez-vous ou je veux en venir ?
Qu’est-ce qu’une opportunité? C’est un événement qui crée instantanément un espace de possibilités qu'il n'y avait pas il y a 5 minutes.
La chance comme « meta compétence »
D’après wikipedia, la chance est un « concept qui exprime la réalisation d'un événement, positif, améliorant une situation humaine, ou même par extension toute entité vivante, sans nécessairement qu'il y ait un lien de cause à effet entre le désir et sa réalisation, positive. »
Ma proposition, c’est que la chance n’est pas tant quelque chose d'extérieur et d'aléatoire que quelque chose que nous pouvons créer, sur quoi nous avons prise. C'est une compétence, une habitude, une attitude, un état d'esprit. Et comme toute compétence, cela se travaille.
Avez-vous remarqué qu’il y a - ce que j'appellerais - des collectionneurs de chance: ils savent rencontrer les bonnes personnes, ils sont au bon endroit au bon moment, ils flairent littéralement les bonnes affaires…
Seriez-vous un collectionneur? Sinon, comment le devenir ?
Philippe Gabillet, professeur de Leadership, dit la chose suivante, « les personnes qui réussissent, ce sont celles qui ont capacité à créer autour d'elles les conditions d'apparition des opportunités. Ce sont celles qui sont capables de gagner des concours de circonstances".
Les 4 stratégies pour attirer la chance à soi
Quelles stratégies faut-il mettre en oeuvre pour gagner ces concours de circonstances ?
1. Savoir ce que l'on veut.
Avoir un objectif, une mission, une raison d'être. Avant de monter dans un bus, il vaut mieux savoir où vous voulez aller. En effet, dès que vous connaissez votre destination, vous voyez le bus correspondant et vous montez. C'est aussi simple que ça. Si vous cherchez des objets de couleur bleue autour de vous, il vaut mieux chercher du bleu que de chercher du rouge. Il s'agit donc d'avoir son étoile et de la suivre. Dans cette perspective, il y a deux stratégies simples que vous pouvez mettre en place facilement:
- tous les jours, faire une réunion avec vous même, préparez votre journée en alignant vos activités à votre mission. C'est très utile et c'est déjà un acte créateur en soi.
- Vous pouvez aussi vivre avec une question dans votre conscience, en lien avec votre objectif. Avant d'arriver dans un endroit où vous êtres susceptible de faire des rencontres potentiellement importantes, préparez-vous: quelle est la question la plus puissante que vous pouvez vous poser ? Posez-vous la et laisser infuser dans votre conscience...
2. Etre prêt à accueillir les opportunités.
Ecoute, attention, vigilance. Etre curieux. Il s’agit aussi de sortir des sentiers battus, de changer ses habitudes. Les neurosciences nous apprennent que pour s'adapter il faut sortir des situations simples et connues. Se mettre dans ces situations nouvelles nous permet de nous connecter à notre préfrontal qui est naturellement curieux, fait des liens, est adaptatif... Imaginez que vous êtes dans la jungle, il est 6 heures du matin. Une tiède moiteur vous entoure. Vous avez faim. Vous êtes aux aguets pour chasser. Combien de temps êtes vous capable de tenir cet état de vigilance ? C'est une question de conscience, de disponibilité.
Celui qui, après avoir été négligent, devient vigilant, illumine la terre comme la lune émergeant des nuées. Bouddha
Quel est votre niveau de présence actuellement ?
3. Développer et prendre soin de son réseau
Une troisième chose à développer, c'est le réseau. La force du réseau, ce n'est pas uniquement se faire un carnet d'adresses. C'est faire des liens, écouter la demande et mettre en lien par rapport aux talents de votre réseau. C'est mettre en rapport. Si ce n’est pas à votre tour d'en profiter cette fois, la vie vous renverra l’ascenseur.
Tu veux vivre heureux? Voyage avec deux sacs. Un pour recevoir, l’autre pour donner. Goethe.
4. La stratégie de l’abandon
Quand on sait ce qu'on veut, qu'on est conscient et vigilant, et que nos relations activent notre potentiel, il faut pouvoir aller jusqu'au bout. J’appelle cette stratégie la stratégie de l’abandon. Car il s’agit de s’abandonner à sa cause, à sa raison d'être, à son projet. Il peut y avoir beaucoup de raisons de trébucher, d'abandonner… Les réussites sont jalonnées d'échecs, de revers. Dans ces cas, il ne faut laisser aucune porte ouverte derrière soi. La tentation serait trop grande.
Les chanceux rencontrent autant de difficultés que les malchanceux. Simplement ils en font autre chose… La chance, c'est aussi, non pas ce qui vous arrive, mais aussi et surtout ce que vous faites de ce qui vous arrive. C'est donc votre capacité à rester aligné qui est en jeu, à rester au service de votre objectif, de votre raison d'être, c'est votre capacité à rebondir, votre résilience. En cas de coup dur, il est important de voir le positif, de prendre la responsabilité de ce qui vous arrive.
Et pour reprendre Gabillet, "si vous chassez les opportunités, peut-être pouvez-vous commencer à en être une, vous-même."